Paroles et musique : Georges Brassens
(c) 1955 Éditions Musicales Ray VENTURA
droits transférés à WARNER CHAPPELL
MUSIC FRANCE
1 J'ai plaqué mon chêne
Comme un saligaud,
Mon copain le chêne,
Mon alter ego.
On était du même bois
Un peu rustique, un peu brut,
Dont on fait n'importe quoi
Sauf, naturell'ment, les flûtes...
J'ai maint'nant des frênes,
Des arbres de Judée,
Tous de bonne graine,
De haute futaie...
Mais, toi, tu manques à l'appel,
Ma vieill' branche de campagne,
Mon seul arbre de Noël,
Mon mât de cocagne!
R Auprès de mon arbre,
Je vivais heureux,
J'aurais jamais dû m'éloigner de mon arbre...
Auprès de mon arbre,
Je vivais heureux,
J'aurais jamais dû le quitter des yeux...
2 Je suis un pauv' type
J'aurai plus de joie :
J'ai jeté ma pipe,
Ma vieill' pipe en bois,
Qu'avait fumé sans s'fâcher,
Sans jamais m'brûler la lippe,
L' tabac d' la vache enragée
Dans sa bonn' vieill' tête de pipe...
J'ai des pip's d'écume
Orné's de fleurons,
De ces pip's qu'on fume
En levant le front,
Mais j'retrouv'rai plus, ma foi,
Dans mon coeur ni sur ma lippe,
Le goût d'ma viell' pip' en bois,
Sacré nom d'un' pipe !
3 Le surnom d'infâme
Me va comme un gant :
D'avecque ma femme
J'ai foutu le camp,
Parc' que, depuis tant d'anné's,
C'était pas une sinécure
De lui voir tout l'temps le nez
Au milieu de la figure...
Je bats la campagne
Pour dénicher la
Nouvelle compagne
Valant celle-là
Qui, bien sûr, laissait beaucoup
Trop de pierr's dans les lentilles,
Mais se pendait à mon cou
Quand j'perdais mes billes !
4 J'avais un' mansarde
Pour tout logement,
Avec des lézardes
Sur le firmament,
Je l'savais par coeur depuis
Et, pour un baiser la course,
J'emmenais mes bell's de nuit
Faire un tour sur la grande Ourse...
J'habit' plus d'mansarde,
Il peu désormais
Tomber des hall'bardes,
Je m'en bats l'oei mais,
Mais si quelqu'un monte aux cieux
Moins que moi, j'y pai' des prunes :
Y'a cent sept ans, qui dit mieux,
Qu'j'ai pas vu la lune ! |